CR Littérature

Après Daniel, je sais pourquoi, Dans l’ombre du corridor et Ce que tu m’as donné, voici le dernier ouvrage : Petites histoires entre amis.

Il est toujours en écriture, environ une fois par mois, durant l’expérience de transcommunication mentale dite de « Littérature ».

Henri est le prénom que nous a donné l’esprit qui nous offre cet ouvrage. 

Nous vous offrons un extrait ci-dessous.

La totalité des communications reçues pour les membres donateurs.

Dans l’au-delà, entre deux eaux, deux esprits se rencontrent. Ils se ressemblent. Pourtant l’un d’entre eux est plus entreprenant, parlant beaucoup. Il s’aventure dans un long monologue et disait :

– Je pense que nous sommes à bon port. On voit là-bas cette belle lumière qui nous accueille. Il faut dire que nous avons dû faire preuve de mansuétude, de sacrifice pour en arriver là. C’est tellement beau, je plains de tout cœur ceux qui, de par leur cupidité, leur avarice et ce besoin de jouir à tout prix, ne pourront d’aussitôt vivre cette magnificence. J’ai été pauvre, j’ai eu souvent faim, mais je n’ai jamais perdu une seule occasion de faire le bien et la charité. Alors que les biens nantis, ces riches et bourgeois se sont enivrés et perdus dans la luxure, passant devant moi et les miens sans faire attention à Mais je vois bien qu’il y a une justice. Nous voilà morts, face à notre conscience et toutes les privations que nous avons dû supporter portent aujourd’hui leurs résultats.

L’autre esprit restait muet, le regard dans le vide, contemplant la lumière avec une certaine émotion.

– Tu ne dis rien, toi, quelle a été ta vie ? J’imagine qu’elle fut également le théâtre de multiples privations, on se ressemble tant.

– Non pas du tout, répondait l’autre esprit. Non, vois-tu, j’ai été très riche, je n’ai jamais manqué de rien. J’avais une multitude de personnes à mes services. J’essayais alors d’être le plus juste possible, en considérant le contexte dans lequel je vivais. On n’aborde pas la charité de la même manière lorsque l’on est riche. Être charitable lorsqu’on est pauvre n’engendre que peu de conséquences. Mais lorsque l’on est riche, cela amène la convoitise et cela est très difficile à maitriser.

L’autre esprit était troublé, finissant par se taire, surpris que tous les deux se retrouvent logés à la même enseigne…

Ne croyez pas que la bonté de l’âme se mesure aux circonstances de la vie. Ne pensez pas que les plus riches que vous, ceux qui ont du pouvoir, soient nécessairement jugés plus sévèrement au conseil de leur conscience. L’esprit est une unité qui ne peut souffrir ces différences que seul l’homme rend pondérables. L’amour est la seule règle qui vaille et il existe des chemins que l’on peut juger arbitraires et injustes, mais qui sont en réalité la seule chose à faire.

Valérie est une femme insatisfaite. Tout ce qu’elle entreprend lui procure un sempiternel regret, bousculé intellectuellement par les choix qu’elle doit faire.

Devant chaque situation, après avoir choisi telle ou telle chose, elle le regrette aussitôt. Si j’avais su, dit-elle, je ne n’aurais pas fait comme ça, je n’aurais pas été sur ce chemin. Valérie sera ainsi dans le regret toute sa vie. Je n’aurais pas dû acheter cette voiture, mais une autre. Je n’aurais pas dû me marier avec cet homme, mais avec celui-là. Je n’aurais pas dû acheter cette maison, mais plutôt celle-ci.

Elle a avancé dans l’âge éreintée par le remords et le poids de sa responsabilité. Puis, cette petite voix intérieure, qui incessamment lui a montré d’autres horizons, inventé tout ce qu’elle aurait pu vivre autrement et autre part, des scénarios devenant au fur et à mesure des fantasmes et des lubies.

« Comme j’aurais été bien ici… comme mon amour aurait été autrement avec cette personne. Et si je ne m’étais coupé les cheveux ? Ah, si je ne m’étais pas fait opérer. Mon dieu et si et si…

Valérie finissait sa vie dans le dédale de ses rêves oubliés, avortés, jamais satisfaite. Une fois de ce côté-ci de l’existence, éclairée par la vérité et la grandeur des possibles, elle se surprenait. Tous, tous les choix qu’elle était amenée à faire dans sa vie avaient engendré autant de vies, largement comblées. À chacune de ses décisions, un univers s’était formé, prompt à répondre à son propre dessein. Il n’y avait aucun avortement, aucun abandon, aucune peine. Rien, tout était vécu jusqu’au bout des choses. Autant d’univers parallèles qu’elle remplissait de toutes ses forces.

Mes amis, ne regardez pas en arrière, ne soyez pas dans le regret. Vous n’abandonnez rien, car tout se réalise dans un présent incommensurable. Chacun de vos choix engendre une version de vous-même qui existe en parallèle, alimentant vos rêves, mais aussi vos regrets. Ne croyez pas en la seule ligne droite, dans le chemin essentiel. Dans la prolifération continue des possibles, rien ne se perd, et l’unique solution n’existe pas. Tout évolue éternellement, même vos plus intimes pensées.