Profitant des derniers beaux jours de la saison, l’équipe des “ifressiens” se retrouvaient en ce samedi 4 octobre sur les routes, guidées de l’éveil spirituel. Dijon, capitale des ducs de bourgogne sera l’espace d’un weekend, le fer de lance d’un combat de longue haleine contre le tabou de l’après vie et du contact inter-dimensionnel qui en découle. Plusieurs centaines de kilomètres à parcourir ne seront pas de trop pour s’affranchir de la frontière de l’entendement matériel et rationnel de ce grand et beau pays qu’est la France où “Descartes” a vu le jour. Joël au volant de la “Logan” affichant au compteur plus de deux tours du monde de révélation extra-sensorielle, roulait sereinement. Laurie coté passager; garante morale de notre association, veillait au bon cheminement de notre trajectoire tout en rappelant les dernières directives à suivre. A l’arrière Bruno narcoleptique à mi-temps et hyperactif pour la cause, somnolait d’un œil et ne dormait que sur une seule de ses deux oreilles. Il semblait s’évader dans un monde où le temps et l’espace fusionnent dans une brume épaisse dont il était le seul à en connaître la substance et l’ivresse qu’elle procurait. Quand à moi, j’étais plongé dans mes pensées comme une fuite en avant salvatrice, tantôt dans le passé, bientôt dans un futur aléatoire mais armé de ma seule assurance du bien fondé de notre entreprise “hasardeuse” au destin dictée d’outre-tombe.
C’est dans un gymnase communale aux murs défraîchis et nostalgiques des années buvard et porte plume que devait se tenir la conférence du spiritisme sous toutes ses coutures. D’un nom bien plus évocateur les membres du groupe spirite: “la voix du cœur” nous attendaient avec un sourire aussi sincère que les âmes qui les animaient. Au fond de la salle, à droite, une table dressée attendait notre bon vouloir. Un sachet pour chaque membre de l’IFRES empli de victuailles aux couleurs local témoignait de notre bienvenu. Sur celui-ci en guise de décor et de bon goût s’affichait une carte ou se dessinait un cœur. Sur les anses de ce sac, une plume y était fixée. Un cœur pour l’essence et une plume pour l’envol…
Quel joli tableau pour symboliser la liberté recouvrée et l’éveil de l’âme. Nous voila attablé à savourer un repas maison avec pour seul ingrédient qui vaille ; l’amour de ceux qui le préparent.
L’ouverture de la salle au public était prévue pour 14H15 mais c’était sans compter sur la ponctualité fébrile des plus pressés. La communication extra-terrestre se nourrirait-elle de l’impatience d’amour des hommes fait de chair et de ceux par l’absence devenus “chers”? Peu à peu le brouhaha des visiteurs perplexes et le chuchotement des inquisiteurs convaincus se muaient dans un silence profond et lointain. Joël, scruté du regard par tant d’âmes en peine et avides d’espoir prenait place devant l’écran central ou s’exposait fièrement le logo de notre association. Parler de transcommunication instrumentale, de la manière dont les plans de notre cabine photomaton à fantômes nous ont été transmis, parler de laser, d’holographie avec autant d’aisance, d’humour et d’entrain subjuguait un public conquis. Qui aurait pu penser que Joël dans sa tendre enfance; avait souffert d’une scolarité désastreuse où presque… Mais ce qui me plaît particulièrement chez lui, c’est que là ou d’autres plantaient d’inexorables affirmations obstruant l’ouverture d’esprit, lui , ne semait rien d’autre que des interrogations sur la possibilité d’une autre dimension. Mais il ne se grandissait pas pour autant, la médiumnité n’a jamais été un sacerdoce pour lui tout juste un incontournable chemin de vie. Enfin, après deux heures d’un âpre discours sur les moyens de la transcommunication instrumentale souligné par un tonnerre d’applaudissements, s’en suivait un vif échange de questions réponses bien à propos et fort intéressant. Jamais, je ne me lasserais de la main mise et de la force de persuasion du timide par nature qui par conviction passe en mode éloquence…
Tiens voila qu’un sms rageur reçu en toute discrétion sous la tutelle du vibreur me fait penser que la réalité rattrape la fiction: “J’ai oublié que cet après midi, tu étais entouré de tes « fantômes”.Enfin et pour la deuxième partie de la conférence une médium du nom de Nicole Bourdier venait, avec l’aide de photos de défunts volés à la fatalité, préalablement déposés par des plaignants en peine, exploitait son talent pour le bien des démunies de chaque côté du miroir. Que de précisions révélés dans ces contacts, que de détails suggérés, des prénoms prononcés, des circonstances évaluées !!!
Ici un enfant disparu rassurant des parents attendries sur son présent immédiat, plus loin une femme morte de mélancolie demandant aide à un mari attentionné, plus loin un accidenté mort subitement sans avoir eu le temps de souffrir. Là, un mari s’excusant du mal qu’il aurait pu engendrer au cours de son existence. Bravo à cette femme digne et qui grâce à une médiumnité sincère et humble a su créer une atmosphère prompt au contact, à l’échange et au partage dans l’oubli de soi.
Qu’on se le dise en tout et pour tout, jamais la mort ne pourra avoir raison de l’amour, “la voix du cœur” pour l”éternité pourrait en témoigner.
Brahim secrétaire.