Les expériences avec le médium Franek Kluski à l’Institut Métapsychique International à Paris. (Extrait tiré de la revue du Spiritisme)
Les séances ont lieu généralement avec cinq ou six personnes seulement, placées en cercle, le médium assis sur une simple chaise, ayant à côté de lui ses deux contrôleurs, dont l’un tient pendant toute la séance sa main droite, l’autre sa mains gauche, les autres personnes présentes forment la chaine avec les contrôleurs.
L’éclairage est assuré pendant l’expérience par une lampe rouge de 50 bougies, commandée par un rhéostat, à la portée de l’un des contrôleurs et permettant de graduer l’intensité lumineuse à volonté de 0 à 50 bougies. Comme accessoires, on se sert des écrans au sulfure de zinc, on sait que la lumière phosphorescente est mieux tolérée que la lumière rouge, pour la production des phénomènes de matérialisation.
Franek Kluski est un médium puissant ; presque aussitôt la chaine établie, les phénomènes commencent, on ne l’hypnose jamais, il tombe lui-même très vite dans un état de demi-transe, plus rarement en transe complète. Les manifestations, dans ce dernier état, deviennent plus puissantes que dans le premier. Il revient à lui spontanément, il suffit d’augmenter brusquement l’éclairage. Franek est alors épuisé.
On connaît aujourd’hui la genèse des matérialisations. Les organes et tissus matérialisés se forment en majeur partie aux dépens d’une substance extériorisée du médium et, en minime partie, des assistants. Une forte odeur d’ozone, très caractéristique, survient brusquement dans la salle, au début des séances, et s’évanouit de même.
On voyait alors (la lumière étant très faible) des vapeurs légèrement phosphorescentes, une sorte de brouillard flotter autour du médium, surtout au-dessus de sa tête. Ce brouillard s’élevait généralement, comme une fumée légère. En même temps, apparaissaient des lueurs, semblant des foyers de condensation. Ces lueurs étaient généralement nombreuses, ténues et éphémères ; mais parfois elles étaient plus grosses, plus durables, et, dans ce cas, elles donnaient l’impression d’être comme des régions lumineuses d’organes invisibles par ailleurs, spécialement des extrémités de doigts ou des fragments de visages. Enfin, quand la matérialisation s’achevait, on voyait des mains ou des visages parfaitement formés.
Ces mains ou ces visages, nous le verrons, fréquemment lumineux par eux-mêmes ; de même aussi, parfois, les tissus matérialisés. Des lueurs apparaissaient indiquant les premiers stades de la matérialisation, foyers de condensation de la nébuleuse humaine sortis du médium. Le docteur a vu à côté du professeur Richet, comme une nébuleuse vaguement humaine en voie de matérialisation d’un visage, en ayant la dimension et la forme. Ce qui parait certain, c’est que les phénomènes lumineux sont produits par l’extériorisation de la substance primordiale sous forme de vapeur et constituant les premiers stades de matérialisation chez Franek.
Dans les divers séances, les expérimentateurs ont pu constater la matérialisation de membres humains, les toucher, être touché par eux et obtenir des moulages de ces membres dans la paraffine.
Le docteur Geley s’exprime ainsi :
« Nous avons pu obtenir une preuve formelle, avec garanties absolues, de la matérialisation de membres humains par le procédé de moulage dans la paraffine, procédé connu (voir Aksakof : animisme et spiritisme, et Delanne : apparitions matérialisées). Nos expériences différentes de celles de nos prédécesseurs par le fait que nous avons obtenu la certitude de l’authenticité métapsychique des moulages et de leur production pendant nos séances. Nous avons employé, pour cela, un procédé de contrôle inédit. Immédiatement avant la séance, un baquet contenant de la paraffine fondue, flottant sur l’eau chaude, était placé sur la table, de façon à ce que ce baquet se trouve à environ 60 centimètres du médium.
Les expérimentateurs faisaient la chaine autour de la table et deux contrôleurs tenaient, l’un la main droite, l’autre la main gauche de Franek. Une faible lumière rouge laissait voir la silhouette toujours immobile du médium. Les moulages se formaient sur demande pendant les séances, l’opération ne commençait généralement pas avant vingt minutes et était très rapide. Le peu de lumière ne permettait pas d’observer de visu ces phénomènes, cependant on était averti, par des bruits répétés du brassage du liquide, que l’opération se faisait. La main agissante se plongeait dans le bassin, se retirait, et venait avec les doigts imprégnés de paraffine chaude, toucher les mains des contrôleurs, puis se replongeait dans le bassin. Après l’opération, le gant de paraffine encore chaud, était déposé généralement contre la main d’un des contrôleurs. On a obtenu ainsi, en tout, neuf moules dont sept moules de mains, un moule de pied, un moule de bas de visage (lèvres et menton). Ce dernier est de dimension normal, les huit autres plus petits, semblant reproduire les membres d’un enfant de 5 à 7 ans.
La paraffine fut pesée avant et après chaque séance. La diminution constatée du poids de ce qui restait dans le baquet correspondait, autant qu’on pouvait s’en rendre compte, avec la paraffine employée par les moulages et celle éparpillée, soit sur la table, soit sur les assistants ou sur le parquet ».
D’autres précautions importantes furent prises pour avoir la certitude que les moulages étaient obtenus dans le laboratoire de l’Institut et n’avaient pas pu être introduits frauduleusement par quelqu’un. C’est ainsi qu’immédiatement avant la dixième séance, le docteur Geley, d’accord avec le professeur Richet, a ajouté, dans le plus grand secret, un colorant bleu à la paraffine, qui donnait à la masse une teinte bleutée. Les moules obtenus à cette séance, étaient en paraffine bleutée, conforme à la nuance de celle contenue dans le baquet. Donc, aucun doute, ces moules avaient été faits dans cette séance. Dans la onzième séance, le professeur Richet et le docteur Geley ont décidé d’incorporer à la paraffine, en plus du colorant bleu, une substance soluble, décelable par une réaction chimique : c’est la cholestérine qui fut choisie. Cinq grammes furent versés dans environ 12OO grammes de paraffine chaude. Pour déceler la présence de la cholestérine dans la paraffine, il suffit de dissoudre un peu de cette matière dans du chloroforme et d’y ajouter ensuite de l’acide sulfurique. On obtient ainsi lentement et progressivement une coloration rouge, qui peu à peu, tourne au brun. La paraffine ordinaire, sans addition de la cholestérine, ne donne pas de coloration quand on la traite de cette manière. Dans cette séance, le moulage d’un pied d’enfant, admirable de netteté, fut obtenu, ainsi que le moulage de la région inférieure d’une face d’adulte. La couleur bleuâtre de ces deux moules est exactement celle de la paraffine du récipient. Coloré fortement au dernier moment par le docteur Geley, cette teinture bleue mise en excès n’étant pas entièrement dissoute, formait dans le récipient, au dessus de la paraffine, des grumeaux disséminés ça et là. Or, dans le moule du pied, au niveau du troisième orteil, on constate la présence d’un grumeau, incorporé dans la paraffine, qui s’est solidifiée par-dessus.
« Le grumeau est identique a ceux qui restent dans le récipient, il a donc été entrainé par l’ectoplasme brassant la paraffine et incorporé dans le moule » dit le docteur Geley et il continu : « Cette preuve, imprévue et non recherchée, est convaincante. Enfin, immédiatement après la séance, je prélève de menu fragments sur les bords du moule du pied. Je les place dans un tube à essai et les dissous dans le chloroforme. J’ajoute de l’acide sulfurique : la teinte rouge, caractéristique de la présence de la cholestérine, se développe, augmente et se fonce peu à peu. Une épreuve de comparaison, faite avec de la paraffine pure, est négative. Le liquide reste blanc : la teinte légèrement jaunâtre de l’acide sulfurique (jaunâtre par oxydation du liège fermant le flacon) n’est en rien modifiée. La preuve est donc absolue : les moules ont été faits avec notre paraffine et pendant la séance. Nous pouvons l’affirmer catégoriquement, en nous appuyant non seulement sur les modalités expérimentales, les précautions prises et le témoignage de nos sens, mais aussi sur la présence de la coloration bleue, identique dans les moules et le récipient, sur l’incorporation accidentelle d’un grumeau de couleur bleue dans le moule du pied et enfin sur la réaction décelant la présence de la cholestérine.
La pesée est concordante : avant la séance : poids du récipient de paraffine : 3kg.735. Après la séance : il manque 70 grammes, les moules pèsent 55grammes. Les 15 grammes manquant correspondent à la paraffine trouvée en taches abondantes sur les vêtements des contrôleurs, la manche gauche du professeur Richet, la manche gauche du docteur Geley, et la jambe gauche du comte Potocki.
Les moules obtenus ont été, à l’exception d’un seul, remplis de plâtres, qui a fait ressortir admirablement tous les détails des lignes de mains, de pied et du visage. Les mains ayant la grosseur de mains d’enfants sont en réalité des mains d’adultes en miniature. Les rides de la main l’indiquent nettement ; au surplus, tous les moulages de mains paraissent provenir de la même entité, les lignes de la main sont les mêmes partout.
L’authenticité métapsychique des moulages repose, en dehors mêmes des témoignages de nos savants, de la rigueur de leur contrôle, sur des preuves objectives irréfutables. Voici comment s’exprime, à ce sujet, le docteur Geley :
« La première question qui imposant une réponse sans ambages, était la suivante : nos moulages avaient-ils étaient faits sur des membres humains, ou sur des simulacres de membres humains ? La réponse ne saurait laisser place à aucun doute. On trouve toutes les caractéristiques des membres humains : formes parfaites, lignes de la main, ongles, sillons de la peau, marques des saillies osseuses, des tendons, parfois des veinules de dos de la main : rien ne manque. Nous avons montré nos plâtres à des artistes : peintres, sculpteur, mouleurs ; à beaucoup de nos confrères médecins. Tous ont été unanimes : il s’agit de moulages humains »
Ajoutons que pendant un voyage d’études fait à la société métapsychique de Varsovie, par le professeur Richet et le docteur Geley, ces derniers ont assistés à de nouvelles expériences, dans cette ville, avec le médium Franek Kluski, expériences faites dans des conditions de contrôle les plus rigoureuses. Ils ont obtenu, dans une même séance, deux moules parfaits de mains humaines ; l’un de ces moules était une main de femme, de grandeur naturelle, aux doigts longs et fins et tout un avant bras, jusqu’au coude. Le second moule était celui d’une forte main d’homme, plus grosse que celle du médium, avec la moitié de son avant-bras, aussi parfaits l’un que l’autre. Malheureusement ces deux beaux moules, d’une extrême fragilité, n’ont pas pu être rapportés intacts. Il ne reste que des fragments importants d’ailleurs et le témoignage de ceux qui ont assisté à cette belle séance.
« Nous sommes certains, mathématiquement certains, de l’authenticité métapsychique des moulages de membres humains matérialisés dans la paraffine » conclut le docteur Geley. « Ces moulages sont la preuve tangible, sans contestations possibles, de la réalisation de matérialisations d’organes humains. Ils révèlent tous les détails de la constitution de cet organe, démontrent qu’il s’agit pas là de simulacres fantomatiques ; mais de représentations complètes, ayant trois dimensions, avec squelettes, muscles, tendons, jusqu’aux lignes et sillons de la peau ! Évidement, au point de vue biologique et philosophique, les moulages d’organes matérialisés sont infiniment plus importants que de simples photographies. Nous avons observé, à toutes les séances réussies, sauf la première, des apparitions de visages humains. Ce phénomène, autant que le phénomène de moulage de membres matérialisés, nous a donné pleine satisfaction. Dans les conditions de contrôle que nous avons décrites (séance dans notre laboratoire fermé, aucune tricherie par compérage possible, médium immobilisé par les deux mains, éclairage léger à la lumière rouge), l’authenticité de la formation d’ectoplasmes représentant tous les traits caractéristiques de la figure humaine nous semble certaine. Ces visages étaient de grandeur naturelle. Ils apparaissaient généralement derrière le médium ou à ses côtés. Ils étaient placés plus haut que la tête de Franek et celle des expérimentateurs assis. Ils semblaient être les visages visibles d’êtres humains debout, mais dont les corps étaient invisibles. Plusieurs fois cependant, nous avons pu voir, également matérialisés, le buste et les membres inférieurs. Comme la visibilité par la lumière rouge était très faible, ces êtres, pour mieux se faire examiner, saisissaient fréquemment l’un des écrans déposés sur la table devant le médium et l’approchaient jusqu’au contact de leur visage, d’autres fois, les figures au lieu de se servir des écrans, s’éclairaient par une substance lumineuse, spécialement par une sorte d’étoffe phosphorescente. Le phénomène rappelait, d’une manière saisissante, la belle gravure classique du peintre James Tissot. Enfin assez souvent, les visages étaient lumineux par eux-mêmes. Ces visages étaient vivants. Leurs regards, très vif, s’attachaient fixement aux examinateurs. Leur physionomie, grave et calme, reflétait une apparence de dignité sévère. Ces êtres semblaient conscients de l’importance de leur rôle ».
Arrêtons-nous aux intéressants récits des mouvements d’objets sans contact et raps. Ces phénomènes, sans être désirés, se sont produits spontanément, à diverses reprises. Coups frappés parfois loin du médium ou déplacement bruyant d’objets…toujours hors de portée de Franek, quelquefois à l’autre bout de la pièce. Dans une séance, tout à coup, le récipient de paraffine et le réchaud qui le supportait (pesant ensemble 8kg.350) furent enlevés en l’air, transportés délicatement par-dessus les têtes des expérimentateurs et déposés sans bruit sur le sol, en arrière et à droite du médium. Aussitôt après, des raps très impressionnants se firent entendre et, comme on ne faisait pas cas, ils devenaient plus violents. On épele. C’était une communication en Polonais : « réveillez le médium », comme on ne tint pas compte de cet ordre, les coups frappés redoublèrent avec force, des objets placés sur la table furent jetés à terre et brisés, et les raps redoublèrent avec insistance : « réveillez le médium, réveillez le ! ». La violence fut telle qu’on céda, quoique à regret. On apprit le lendemain que le médium avait à cette heure-là un rendez-vous avec un compatriote arrivé de Varsovie. Dans une autre séance, il y eu deux lévitations complètes de la table, un fauteuil distant de deux mètres de la table et trois mètres du médium, s’approcha lentement jusqu’au contact des expérimentateurs et une lourde table à quatre pieds fut apportée sur la table d’expériences. Dans une autre séance encore, la lampe à lumière rouge, avec son support (10kg), fut tout-à-coup lévité et se posa de nouveau doucement sur le plancher. Des matérialisations à formes animales ont été observées avec Franek. Généralement les manifestations d’ordre intellectuel, pendant la séance, se confondaient étroitement avec les phénomènes psychiques. Elles étaient toujours dirigées intelligemment, dans un but bien défini. Les contacts de mains, les lueurs, les apparitions de visages dénotaient tous une idée directive, évidente, consciente et d’apparence autonome, affirme le docteur Geley :
« Les moulages ont nécessité une véritable collaboration entre les entités opérantes, quelles qu’elles soient, et nous. Elles essayaient de nous satisfaire de leur mieux. Par exemple, c’est à notre demande que nous avons eu un moule de pied. C’est sur mes insistances que j’ai obtenu plus tard, à Varsovie, deux moules comprenant la main et l’avant-bras, jusqu’au coude, moules dépourvus des défauts signalés précédemment. Les entités ne m’ont pas paru d’un ordre intellectuellement supérieur. Comme Crawford, il me semble qu’elles ont la mentalité et les capacités de manœuvres, sans plus. J’ai fait une remarque assez curieuse : nous avons dit que tous nos moulages avaient été le fait de la même entité. Or les autres entités semblaient s’intéresser, autant que nous, au résultat obtenu. J’ai vu, à Varsovie, l’un de ces êtres saisir l’écran phosphorescent, en diriger la lumière sur les gants et les regarder longuement avec curiosité passionnée ! Le psychisme des collaborateurs invisibles, comme dit Crawford, méritait, à lui seul, un long article.
Après avoir donné son impression générale sur cette question, basée non seulement sur les séances avec Franek, mais sur tout ce qu’il a vu avec d’autres médiums, le savant directeur de l’Institut pense qu’il est prudent de suspendre tout jugement prématuré sur cette formidable question et de dire simplement :
« Tout ce passe, dans les grandes séances médiumnique, comme si :
1° le déclenchement des phénomènes, l’initiative, l’idée directrice primordiale provenaient d’entités autonomes et indépendantes,
2° Ce psychisme directeur primordial se combinait, d’une manière inextricable et inanalysable, avec les éléments mentaux conscients et subconscients, empruntés au médium et aux expérimentateurs.